Monday, November 8, 2010

L'épopée d'une soirée d'été

La lutte est ardue et les minutes sont longues. Les secondes de l'horloge comptent chaque battement de son coeur pendant que la tension monte peu à peu. Cette mission ne doit pas échouer. Cette mission n'échouera pas. Il s'en est bien assuré. Ses mouvements sont lents et calculés pour attirer le moins d'attention possible lorsqu'il traverse le long couloir désert qui le mènera à son but final. À chaque étape de l'opération il ne peut s'empêcher de penser aux risques associés à ses actions. S'il se faisait prendre les conséquences pourraient être bien graves en effet. Mais cela n'arrivera pas. Il avait dépassé depuis longtemps le stade de novice et sa connaissance parfaite des lieux lui assurait un avantage net.

Il effectua une manoeuvre délicate pour passer la première porte dans le silence absolu, mais l'anticipation grandissante le rendit hâtif. La porte craqua. Argh, ces vieilles portes en bois! Il resta immobile pendant quelques secondes, scrutant le noir pour la moindre indication qu'il a été découvert. Mais rien ne vint. Il laissa échapper un soupir de soulagement. Tout n'était pas encore perdu. Lentement, il se dirigea vers la seconde porte.

Ça y est! Il était si proche! Il poussa l'obstacle qui se dressait devant lui et l'objet de sa convoitise et il se retrouva dans une pièce très sombre et remplie d'étagères. Maintenant venait la partie la plus difficile. Il fallait trouver dans le noir et sans faire de bruit. Mais où pouvait-ce bien être? Sa main ridée tâtonna ses alentours jusqu'à ce qu'il encontre un contenant métallique et rond. L'adrénaline pompait à toute vitesse à travers ses veines et il commençait à se sentir comme un jeune garçon à nouveau. Toute cette attente, toute cette anticipation, tout arrivait à une fin. Il se trouvait enfin devant l'objet de ses désirs.

Il sortit son arme avec détermination et la brandit sur sa victime insouciante. La cuillère pénétra le tissu lisse et ferme sans aucune difficulté et il la ramena avec satisfaction à sa bouche. Ahhh il n'y avait rien de meilleur dans ce monde que de la crème caramel! Pendant un bref instant, il s'arrêta pour se demander ce que sa femme et sa petite-fille diront le lendemain lorsqu'elles apercevront ce qu'il restera de la pâtisserie fraîchement préparée. Mais cela ne dura qu'un instant et il retourna à son délicieux tête-à-tête avec ce morceau sorti tout droit du paradis. Ni la menace du diabète, ni son taux de sucre qui devait être au plafond ne pouvaient plus l'en empêcher maintenant. Et puis qu'importe ce que dit le docteur? On n'a qu'une vie à vivre après tout, non? Et c'est si bon de la crème caramel...



How do you want to live your life?

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